Kinshasa, 03 sept 2017 (ACP).- Le président kényan Uhuru Kenyatta, a critiqué ouvertement samedi les juges de la Cour Suprême de son pays, au lendemain de l’annulation historique de sa réélection, et exclu tout remaniement en profondeur de la controversée de la Commission électorale, chargée d’organiser le nouveau scrutin d’ici le 31 octobre.
Plusieurs médias ont rapporté dimanche que les juges de la Cour suprême ont « décidé qu’ils avaient plus de pouvoirs que plus de 15 millions de Kényans qui ont fait la queue pour voter ». « Cela ne peut pas durer, et nous nous pencherons sur ce problème, après les élections. Il y a un problème et nous devons le régler », a mis en garde M. Kenyatta, 55 ans, s’adressant à des représentants de son parti réunis au palais présidentiel.
. »Je pense que la robe qu’ils portent les conduit à penser qu’ils sont plus intelligents que le reste des Kényans », a-t-il poursuivi. M. Kenyatta a une nouvelle fois appelé à la paix samedi, mais le bâtonnier de l’Ordre des avocats du Kenya, Isaac Okero, a pour sa part qualifié ces nouvelles déclarations de « menaçantes » et donc « inappropriées ».
Le président a par ailleurs exclu tout remaniement en profondeur de la Commission électorale (IEBC), épinglée par la Cour suprême pour sa gestion des élections et dans laquelle l’opposition a dit avoir perdu toute confiance. « La Cour s’est prononcée, nous l’avons accepté. A présent, que l’IEBC fasse son boulot, qu’elle annonce la date de l’élection, et Raila (Odinga), rendez-vous aux urnes! ».
Une douce euphorie régnait jusque-là au Kenya depuis l’annulation vendredi de l’élection du 8 août par la Cour suprême, qui a décelé des « irrégularités » dans la transmission des résultats ayant, selon elle, compromis l’intégrité du scrutin, une première en Afrique.
Dès vendredi après-midi, le « courage » de la Cour suprême a été salué par de nombreux analystes politiques comme un exemple pour un continent traversé de nombreuses crises électorales, et comme preuve de la « maturation » démocratique du pays.
Les partisans de l’opposition étaient en liesse, désormais assurés que la justice n’est pas invariablement contre eux, sous le regard de forces de l’ordre opérant avec retenue. Un « grand jour » pour le pays, a abondé samedi la presse kényane, d’autant que le président Kenyatta annonçait dans la foulée respecter le jugement et appelait à la paix, malgré un profond désaccord exprimé avec la décision.
Le contraste était grand avec les manifestations et émeutes violemment réprimées (au moins 21 morts) qui avaient suivi la proclamation de la victoire de M. Kenyatta avec 54,27% des voix. Mais les déclarations du président samedi ont donné le ton d’une campagne qui s’annonce de nouveau acrimonieuse et d’une bataille féroce autour de la commission électorale.
‘Erreurs humaines’ Candidat malheureux en 1997, 2007 et 2013, M. Odinga, 72 ans, avait dans un premier temps exclu un recours en justice, avant de s’y résoudre face aux pressions de certains poids lourds de sa coalition et de la communauté internationale. Il a finalement obtenu gain de cause, et appelé au départ des dirigeants de l’IEBC. » ACP/Kayu/May
Cet article Le président kényan Uhuru Kenyatta critique la cour Suprême, au lendemain de l’annulation historique de sa réélection est apparu en premier sur Agence Congolaise de Presse (ACP).