Kinshasa, 31 oct. 2017 (ACP).– Les scientifiques ont confirmé lundi à Matadi au Kongo central, la présence des tourbières en République Démocratique du Congo(RDC), après une expédition que leur équipe a effectuée, du 27 au 29 octobre à Lokolama, village situé à 55 km de Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Equateur, annonce Greenpeace dans un communiqué parvenu mardi à l’ACP.
La première carte des tourbières du Bassin du Congo, selon la source, a été publiée en janvier 2017 dans le journal Nature, à partir des données recueillies en RDC. La recherche des tourbes en RDC a commencé en octobre, avec l’expédition de Lokolama. Cette dernière a confirmé la présence des tourbes et de celle ayant une profondeur de 3,5mètres.
L’équipe des chercheurs en forêt tropicale venue de l’Angleterre et de la République Démocratique du Congo composée du professeur Simon Lewis et du docteur Greta Dargie, tous deux de l’Université de Leeds au Royaume-Uni, a estimé que les tourbières présentes au centre du Bassin du Congo s’étendent sur 145.500 km2, et stockent quelques 30 milliards de tonnes de carbone. Cette étendue de carbone est l’équivalent de 3 ans d’émissions des combustibles fossiles dans le monde.
Ce qui fait des tourbières du Centre du Bassin du Congo le complexe des tourbières tropicales le plus étendues dans le monde, souligne la source.
« Nous étions soulagés d’arriver à Lokolama, d’explorer la forêt marécageuse avec notre partenaire, Dr Corneille Ewango de l’Université de Kisangani, accompagnés des communautés locales pour découvrir que notre cartographie de cette partie de la RDC était correcte.
La surprise était surtout que la tourbe de 3,5 mètres de profondeur se situe proche de la lisière de la tourbière de Lokolama. Ces premiers résultats montrent à quel point il est important d’investir dans la science en RDC pour permettre l’exploration de plusieurs autres sites, afin de découvrir une plus grande profondeur en tourbe et un plus grand stock de carbone. Cette initiative permettra une meilleure cartographie des tourbières dans le futur », a déclaré Dr Greta Dargie.
La tourbe est un sol organique humide faite partiellement des matières végétales décomposées. Les tourbières en bon état agissent comme des puits de carbone. Quand les arbres croissent, elles rejettent du carbone dans l’atmosphère, mais lorsqu’elles meurent, elles se décomposent normalement en renfermant le carbone en dehors de l’atmosphère. La décomposition est seulement partielle après un an dans une forêt tropicale marécageuse, conduisant en une accumulation de carbone en forme de tourbe.
Greenepace Afrique travaille avec les communautés en RDC pour développer des alternatives à l’exploitation du bois destructive et plaider pour que les forêts du Bassin du Congo soient protégées en maintenant le moratoire sur les allocations aux nouvelles concessions forestières en place et adopté il y a 15 ans.
La récente découverte des tourbières, indique le communiqué, augmente l’urgence de mettre en place des modèles de développement qui vont radicalement améliorer les moyens de subsistance et le bien-être des populations locales sans compromettre l’intégrité de l’écosystème.
« En tant que peuples autochtones, les tourbières font partie de notre héritage culturel et leur découverte représente un immense espoir pour les générations futures. » Nous espérons que notre gouvernement va nous accompagner dans notre rôle de gardiens de ces anciennes forêts et, nous fournir l’aide dont nous avons besoin pour protéger les tourbières au bénéfice de nos enfants et du monde, a déclaré Valentin Egobo, porte-parole de la communauté de Lokolama.
La grande menace qui pèse sur les tourbières est l’industrie du bois. Sur un total de 57 concessions forestières en RDC, au moins 29, couvrant environ 5 million d’hectares, sont illégales. Ces concessions illégales chevauchent approximativement 650.000 hectares de forêts marécageuses de tourbe qui renferment du bois dur.
Réactions
Selon le Pr. Corneille Ewango de l’Université de Kisangani, « Les tourbières abritent une grande diversité de poissons et de microorganismes, aussi bien qu’un grand nombre de plantes. La biodiversité des tourbières demeurent largement connue, une raison pour les scientifiques de continuer des recherches pour bien comprendre le lien entre les tourbières et la richesse en biodiversité »,
« C’est la première étape pour mieux comprendre cette vaste superficie des tourbières. Elles représentent certains écosystèmes les plus riches en carbone. Ainsi, si elles sont laissées intactes, elles représenteront une ressource de grande valeur dans la lutte contre le changement climatique. Mais si elles ont asséchées ou brulées à grande échelle, cela va relâcher des millions de tonnes de dioxyde de carbone dans l’atmosphère », a dit pour sa part le professeur Simon Lewis.
« Greenpeace Afrique appelle le gouvernement congolais à prendre des mesures nécessaires pour s’assurer que la totalité de la forêt de notre région est protégée. C’est vital que le gouvernement respecte et maintienne le moratoire et mette en place des mesures permanentes pour sauvegarder nos forêts et ces tourbières récemment cartographiées », a déclaré Raoul Monsembula, Coordonnateur de Greenpeace Afrique en RDC.
« En tant que peuples autochtones, les tourbières font partie de notre héritage culturel et leur découverte représente un immense espoir pour les générations futures. » Nous espérons que notre gouvernement va nous accompagner dans notre rôle de gardiens de ces anciennes forêts et, nous fournir l’aide dont nous avons besoin pour protéger les tourbières au bénéfice de nos enfants et du monde, a déclaré Valentin Egobo, le porte-parole de la communauté de Lokolama.
Le navire Esperanza à partir du 6 novembre en République du Congo
L’Esperanza, bateau de Greenpeace actuellement en RDC fera cap vers la République du Congo le 6 novembre afin de continuer à mobiliser les communautés, les groupes de la société civile, les officiels du gouvernement pour attirer leur attention sur l’importance des forêts du bassin du Congo en vue de maintenir la stabilité du climat mondial. L’objectif dans cette démarche est aussi de protéger la biodiversité, les cultures et les moyens de subsistance des populations locales et les communautés autochtones vivant à l’intérieur et autour des forêts. Entre-temps, la recherche des scientifiques reprendra au début de janvier 2018, annonce le même communiqué.
L’Esperanza, est actuellement en RDC dans le cadre d’une tournée de sensibilisation de 4 semaines sur les côtes d’Afrique Centrale, en rapport avec la protection de l’environnement sur le thème « Donne une chance aux forêts du bassin du Congo ».
Des chercheurs impliqués dans cette recherche
Simon Lewis est professeur de Global Change Science à l’université de Leeds et à l’University Collège London. Il occupe ce poste à temps partiel dans les deux universités de manière égale. Il fut un boursier de la Royal Society Research (2004-2013), et en 2011, il a reçu le prix Philip Leverhulme qui a reconnu l’impact de sare cherhe. En 2014, il était classé comme l’un des scientifiques les plus cités dans le domaine de l’environnement/écologie.
Quant au Dr Greta Dargie sa recherche de doctorat dans les stockages de carbone dans les tourbières de la République du Congo a une portée internationale. Son projet de « Stockage de carbone dans les tourbières dans le Bassin du Congo » basée sur les découvertes faites pendant son travail de terrain en 2014 et sa thèse comporte l’une des études les plus larges et détaillées de l’hydrologie des tourbières tropicales à jour.
Cette étude est également la première estimation du carbone stocké dans les tourbières du Congo. Ce projet a été supervisé par le Dr. Simon Lewis en collaboration avec l’Université de Marien Ngouabi.
Dr Ewango par contre est un botaniste congolais et Directeur de la Réserve de Faune à Okapis dans la forêt tropicale de l’Ituri, un patrimoine mondiale de l’Unesco et le territoire des peuples Mbuti et Bantu. Il a gagné le prix environnemental Goldman Prize en 2005 pour ses efforts dans la protection de faune à Okapi pendant la guerre civile du Congo. Dr Ewango a découvert 270 espèces de lianes et 600 espèces d’arbres dans la zone de recherche.
L’herbier qu’il a construit à la Reserve de Faune à Okapis est devenu un lieu de formation et de recherche en botanique tropicale et conservation. Il fait partie d’un groupe désigné par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature qui développe un plan de gestion de l’écosystème pour le Congo.
En 2011, Dr Ewango a gagné le prix Future of Nature, qui reconnait les efforts exceptionnels sur le plan international dans la protection des espèces. ACP/Fng/Mat/May
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