Kinshasa, 05 Nov. 2017 (ACP).- La démission surprise du Premier ministre libanais Saad Hariri, un protégé de l’Arabie saoudite et critique du Hezbollah pro-iranien, fait craindre que le Liban, pays aux équilibres fragiles, ne plonge dans de nouvelles violences, ont indiqué dimanches les agences internationales.
D’après certaines analystes, cette démission aura des conséquences plus graves qu’une simple péripétie politique dans un pays habitué aux crises gouvernementales. « C’est une décision dangereuse qui aura des conséquences plus lourdes que ce que le Liban peut supporter », affirme Hilal Khashan, professeur de sciences politiques à l’Université américaine de Beyrouth. En démissionnant, Saad Hariri a dénoncé la mainmise et l’ingérence de l’Iran dans les affaires libanaises à travers son allié le Hezbollah.
Ce parti politique armé est membre du gouvernement de Saad Hariri formé il y a moins d’un an. « Hariri a commencé une guerre froide qui pourrait dégénérer en guerre civile, sachant que du point de vue militaire, le Hezbollah n’a pas de concurrent au Liban », estime M. Khashan.
Le mouvement chiite est le seul parti libanais à ne pas avoir déposé les armes après la fin de la guerre civile (1975-1990) et son arsenal est le principal sujet de contentieux dans le pays. Le Liban est depuis plus d’une décennie profondément divisé entre le camp emmené par M. Hariri, un sunnite soutenu par l’Arabie saoudite, et celui dirigée par le Hezbollah chiite, appuyé par le régime syrien et l’Iran.
Au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite se mènent une guerre d’influence. Cette division libanaise a éclaté au grand jour en 2005, année de l’assassinat de Rafic Hariri, père de Saad, un meurtre pour lequel le régime du président syrien Bachar al-Assad a été pointé du doigt et cinq membres du Hezbollah mis en cause par un tribunal international.
Une série d’assassinats de personnalités libanaises hostiles à Damas suivit alors, puis une guerre destructrice entre le Hezbollah et Israël en 2006. Durant les années suivantes, ces affrontements internes ont failli plonger le Liban dans une nouvelle guerre civile et le bras de fer entre camps rivaux a paralysé le pays pendant des mois.
Douze ans après l’assassinat de Rafic Hariri, les tensions restent vives et Saad Hariri a même évoqué dans son annonce de démission sa crainte d’être assassiné. Son départ intervient dans un contexte de fortes tensions sur plusieurs dossiers entre Ryad et Téhéran. Israël et le parti chiite se sont livré en 2006 une guerre destructrice.
Depuis des mois, des dirigeants israéliens menacent de s’en prendre dans le cas d’un nouveau conflit au Hezbollah et aux infrastructures civiles au Liban. Toute guerre aura des répercussions désastreuses sur l’économie du pays qui, bien qu’elle soit bancale, reste dotée d’un solide secteur bancaire. Dès l’annonce de la démission, les internautes libanais ont exprimé leurs craintes de voir leur pays sombrer à nouveau dans le chaos. ACP/YWM/Kayu/Wet
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