Kinshasa, 21 Mai 2017 (ACP).- Le recteur de l’Institut facultaire des sciences de l’information et de communication (IFASIC), le Pr Rigobert Munkeni a conféré samedi au chef de travaux Paul Massey Ntambwe, le grade de docteur en sciences et techniques de l’information avec mention «Grande distinction», à l’issue de la soutenance publique d’une thèse de doctorat intitulée «Mise en scène de l’information sur le journal : approche socio-sémiotique de la presse écrite congolaise».
Le récipiendaire est parti dans cette dissertation doctorale de plus de 352 pages, subdivisée en trois parties ayant sept chapitres, d’une question spécifique : «quels sont les éléments à travers lesquels les médias congolais accomplissent la mise en scène des événements présentés à travers les pages du journal imprimé ?» Et d’une question subsidiaire consistant à savoir pourquoi il y a prééminence perceptible de la politique dans la mise en forme des événements dans les colonnes des journaux, par comparaison à d’autres secteurs d’activité.
En cette double préoccupation, l’auteur a formulé une hypothèse selon laquelle : la mise en scène de l’information dans la page d’un journal imprimé reflète la jonction des éléments tant linguistiques et paralinguistiques que du contexte social de production, en explorant et comprenant dans la question subsidiaire la dominance du champ politique sur les autres champs notamment médiatique.
Il a utilisé dans sa démarche l’approche socio-sémiotique en prenant en compte des occurrences comme les logos, les titres, les articles, les illustrations, en tant qu’indices textuels et graphiques qui caractérisent le discours.
Paul Massey a à cet effet, analysé le contenu de six journaux quotidiens locaux sélectionnés à Kinshasa à la même période au cours de la semaine du lundi 06 août au vendredi 10 août 2012,à travers une enquête par questionnaire aux acteurs dans les rédactions auprès desquels il a recueilli des informations concernant : le nombre des rédacteurs, la filière de formation du secrétaire de rédaction, son niveau d’études, la présence ou non d’une charte typographique, mise en forme du journal, le logiciel utilisé dans cette mise en pages et la signification du journal.
Il a retenu deux journaux classés généralement proches du pouvoir : l’Avenir et l’Observateur, ensuite deux journaux s’affichant proches de l’opposition : Le Phare et le Palmarès, et enfin deux journaux que leur ligne éditoriale déclarée classe au centre : la Référence plus et le Potentiel.
Dans sa théorie du champ développée dans cette thèse, il a cherché à étudier et à comprendre pourquoi dans l’ensemble de la thématique exploitée par les journaux congolais, la politique s’impose comme prééminent sur les autres thématiques, indiquant que le journal qui est une production sociale qui procède d’un ensemble de facteurs liés aux hommes et à leur organisation sociale, est fait pour être vu et lu du public.
Journaliste qualifié comme logocrate dans cette thèse en face de policrate
Dans sa théorie du champ, M. Paul Massey a découvert dans cette étude qu’un «journaliste, en tant qu’agent habilité par sa position au sein d’une rédaction à prendre la parole sur l’espace public, au travers des colonnes de son journal, est un logocrate, iconocrate et un cosmocrate».
Le logocrate qui ressort du champ médiatique, a-t-il dit, se trouve en compétition avec l’occupant du champ politique, qu’il a qualifié des «policrates».Ceux-ci sont considérés selon l’auteur, recherchent dans le champ politique la primauté de la gestion de la cité et la distribution des ressources selon leurs propres règles.
Selon le récipiendaire, le champ médiatique et le champ politique, même si du reste ceux-ci revendiquent socialement chacun leur autonomie. La compétition entre les deux, a-t-il poursuivi, «est caractérisée par une certaine inégalité, parce que le champ politique justifie d’une plus grande capacité à exercer la violence symbolique que le champ médiatique».
Dans le contexte congolais, a-t-il ajouté, «les politiciens ou les policrates sont détenteurs du capital financier, de prestige et de pouvoir dont la position de quatrième pouvoir de la presse, n’est qu’artifice entretenu par «illusio», c’est-à-dire une attitude adaptée aux règles du jeu et ayant pris le jeu au sérieux au point de s’y investir».
Le jury a été composé des professeurs de l’IFASIC, de l’UNIKIN et de l’Université Marien-Ngouabi de Brazzaville. Le doyen de la faculté des sciences de l’information et de la communication de l’IFASIC, le Pr Bernard Munsoko, a salué le récipiendaire et ces membres du jury pour les efforts fournis dans la réalisation de ce travail et sa soutenance publique. ACP/Zng/JGD
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