« La République Démocratique du Congo n’est pas un département français d’Outre-mer ». Cette phrase prononcée par le ministre congolais de la Communication et des Medias n’est pas fortuite. Elle résume parfaitement l’agacement de Kinshasa devant des propos désobligeants, non moins courtois et contraires aux usages diplomatiques du Chef de l’Etat français au sujet des événements tragiques à l’allure insurrectionnelle qui se sont produits les 19 et 20 septembre dans la capitale congolaise.
Que le Président français impute ces événements au gouvernement congolais alors que celui-ci met tout en œuvre pour appeler ses citoyens, toutes tendances confondues, au dialogue national inclusif pour mettre en place un processus électoral transparent, crédible et consensuel, il y a de quoi s’interroger sur l’opportunité de ces propos qui frisent tout simplement un manque de considération à l’égard du gouvernement d’un pays qui entretient de belle lurette des relations d’amitié et de coopération avec la France.
A plusieurs reprises, le gouvernement français répète, à qui veut bien l’entendre, que « la France-Afrique » appartient désormais au passé, vision politique cynique qui permettait à l’Elysée d’installer ou de défaire à sa guise les présidents africains de ses anciennes colonies où il téléguidait comme il le voulait des coups d’Etat.
Certes, la RDC est en proie pour le moment à certaines difficultés d’ordre politique, délibérément entretenues d’ailleurs par une frange de l’opposition, qui ne parvient pas à s’accommoder de son « radicalisme », mais cela ne peut pas pour autant faire créditer une thèse d’irresponsabilité du gouvernement de la République dans ces événements qu’il déplore et condamne avec la dernière énergie.
Dès lors, l’on peut s’interroger sur le rôle exact que joue l’ambassade de France en RDC, censée donner à l’Elysée une information exacte et objective sur ces événements tragiques, tels qu’ils se sont déroulés dans les différentes communes de Kinshasa. Et pourtant, l’ambassadeur de France en République Démocratique du Congo était bel et bien à la réunion convoquée par le gouvernement congolais, au cours de laquelle Kinshasa a expliqué au corps diplomatique accrédité en RDC les tenants et les aboutissants de ces émeutes ayant entrainé de nombreuses pertes en vies humaines, des pillages, des viols et des destructions méchantes des biens publics et des symboles de l’Etat.
Le général de Gaulle ne transigeait pas sur la grandeur et l’indépendance de la France. Il en est autant pour le Chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila Kabange, qui demeure intransigeant sur la souveraineté, l’unité et la dignité du Congo. Car, 56 ans après l’indépendance, il a engagé avec son peuple un long processus de construction d’une nation forte qui a pu résister, avec courage et détermination, à toutes les tentatives des forces centrifuges dont l’objectif, naturellement, est de diviser les Congolais pour mieux assujettir la RDC.
La souveraineté du Congo est une valeur inestimable qui ne peut, en aucune façon, être mise en cause sous quelque forme que ce soit, et quelles que soient les circonstances douloureuses du moment. Le Chef de l’Etat, qui demeure constant dans le nationalisme légué au peuple congolais par les pères de l’indépendance, s’est toujours fait une « certaine idée » de la grandeur du Congo dont l’indépendance constitue un attribut à préserver jalousement pour toujours.
Aujourd’hui, la RDC n’est ni occupée ni en état de guerre, et encore moins sous tutelle. C’est pourquoi, aux yeux des autorités congolaises, il est de plus indécent de tolérer des propos mal placés des dirigeants des pays pourtant traditionnellement amis de la RDC, sans risque d’aliéner l’indépendance du Congo-Kinshasa.
Les dirigeants de ces « pays amis » auraient pu encourager un climat d’apaisement dans le pays plutôt que de raviver des tensions politiques par des propos malvenus en accusant le gouvernement de Kinshasa, alors que la RDC court encore les mêmes risques et reste exposée aux mêmes menaces qu’au lendemain de 1960.
Quoi qu’il en soit, le Congo est un Etat souverain, disposé à nouer, sans nul doute, des partenariats constructifs et naturellement avantageux avec tous les Etats dans le respect de leurs peuples.ACP